L'abbaye Saint-Magloire de Paris
Le texte de la Translatio S. Maglorii, publié par Mabillon, puis par Lucien Merlet en 1896 (Les origines du monastère de Saint-Magloire) donne une liste de 17 saints dont les reliques furent transférées à Paris.
On peut
se demander si Dom Lobineau [ou plutôt l'abbé Tresvaux, puisque la dernière
date mentionnée est 1835 ; l'abbé Tresvaux vivait à Paris] ne retarde pas le
départ des reliques de Léhon (comme Albert Le Grand et le texte
de la "Translatio S. Maglorii") pour faire coïncider leur départ
avec l'époque d'Hugues Capet, réputé avoir fondé
l'abbaye de Saint-Magloire. En effet, il attribue la fuite des reliques de Léhon
à une guerre entre Thibaud, comte de Chartres, et Richard, duc de Normandie,
lequel "appela bientôt à son secours les Danois et les Deires.
Ces barbares se mirent à ravager les frontières de la Bretagne,
et portèrent la terreur dans ce pays. ce fut alors que Salvator, évêque
d'Aleth, et dont il est si souvent fait mention lorsqu'il s'agit des reliques
des saints de la province, prit le parti de se retirer à Paris, emportant
avec lui plusieurs corps saints qui lui avaient été confiés.
Il fut accompagné dans son voyage par Junan, abbé ou prieur de
Léhon, emportant avec lui celui de S. Magloire. Ils arrivèrent
à Paris vers l'an 965, et Salvator présenta à Hugues Capet,
alors comte de Paris et depuis roi de France, outre celles dont nous parlons
ailleurs, savoir : les corps de S. Magloire, de S. Sinier, évêque
d'Avranches ; les reliques de S. Louthiern, évêque, de S. Levien,
évêque, de S. Ciferien, évêque ; partie des précieux
corps de S. Guinganton, abbé, de S. Escuiphle, abbé ; partie des
corps de S. Paterne d'Avranches et de S. Scubilion, et une dent de S. Buzeu.
Nous avons déjà fait connaître ce qu'étaient devenues
plusieurs de ces saintes reliques.
Quant
à celles de S. Magloire, elles furent conservées à Paris
et placées dans la chapelle royale du palais, où [lire "et"] l'on
bâtit un monastère sous le nom de Saint-Barthélémi
et de Saint-Magloire. Les religieux de cette abbaye, après différents
changements, furent enfin transférés au faubourg Saint-Jacques,
et le monastère de Léhon devint un prieuré dépendant
de cette abbaye de Saint-Magloire. Il a appartenu depuis à l'abbaye de
Marmoutier, par un accord passé dans le XIIe siècle entre les
abbés des deux monastères. Les revenus de celle de Saint-Magloire
de Paris furent, en 1564, réunis à l'archevêché de
la même ville, et l'église ayant été donnée
avec les bâtiments aux Pères de l'Oratoire, ils y établirent
un séminaire, qui a subsisté jusqu'à l'époque de
la Révolution.
Ils [les religieux de l'abbaye] gardaient dans leur église le corps de
leur patron, qui était entier, à l'exception d'un bras et d'un
fémur qui se trouvaient dans la cathédrale de Dol, et de quelques
autres ossements qu'on voyait à la Sainte-Chapelle de Paris, et chez
les filles pénitentes, dites de Saint-Magloire. Ce saint corps était
renfermé dans une chasse d'argent depuis 1318, époque à
laquelle il s'en fit une célèbre translation. Le P. Tournaire,
supérieur de la maison de Saint-Magloire, ayant eu le malheur d'apostasier
en 1791, il commanda quelque temps après à un frère domestique
d'enterrer dans le jardin du séminaire toutes les reliques qui se trouvaient
dans l'église, et cette opération eut lieu en 1793. Mais, en 1797,
le même frère indiqua le lieu où il les avaient déposées.
Elles furent alors exhumées, et placées, le 9 septembre de la
même année, dans le massif du maître-autel de l'église
de Saint-Jacques-du-Haut-Pas, voisine de celle de Saint-Magloire. Elles y restèrent
jusqu'en 1835 qu'on les retira de la caisse qui les contenait et qu'on les renferma
dans une belle chasse de bois doré.
On n'a pu reconnaître à quels saints appartenaient chaque partie
de ces précieux restes, parce qu'un séjour de quatre ans en terre
avait détruit les titres ; mais on a au moins la certitude que ces reliques
sont authentiques. Aussi Mgr l'Archevêque de Paris voulut-il que cette
découverte fut célébrée avec solennité, et
il officia lui-même pontificalement, à cette occasion, dans l'église
de Saint-Jacques, le 25 octobre 1835."
Joseph
Chardronnet, dans "Le livre d'or des saints de Bretagne", ajoute à
propos des reliques de saint Magloire qu'elles étaient en 1950 dans un
reliquaire sur un meuble de la sacristie de l'église Saint-Jacques-du-Haut-Pas,
avec un grand nombre d'autres reliques de saints bretons. Dom Alexis Presse,
prieur de Boquen, réussit à en obtenir une partie : des reliques
de saint Samson et de saint Magloire, avec les documents d'authenticité.
Ces reliques, contenues dans la chasse de saint Magloire (un crâne et
un fémur), sont toujours à Boquen. D'autres reliques provenant
de Saint-Jacques-du-Haut-Pas sont dans un petit reliquaire à l'église
abbatiale de Léhon ; il contient dans un tube en verre des fragments
d'os de saint Magloire, saint Lieuthern et saint Wiganton.