De excidio reliquiarum – de l'exil des reliques
Le prestige des saints bretons serait sans
doute moins grand s'ils n'avaient voyagé, tant de leur vivant entre la
Grande-Bretagne et le continent qu'après leur mort, où les invasions
normandes ont entraîné une mobilité considérable des reliques, que les
moines des abbayes bretonnes voulaient à tout prix sauvegarder.
Si le IXe siècle a été une période importante
d'incursions et de pillage par les Normands, les choses s'aggravent
pour la Bretagne au Xe siècle : en effet, les Normands s'installent
désormais à demeure, comme les chroniques historiques l'indiquent :
- en 911, le roi Charles le Simple, par le traité de
Saint-Clair-sur-Epte, donne au chef norvégien Rollon les comtés (ou
évêchés) de Rouen, Lisieux et d' Evreux, en échange d'un hommage au
suzerain et du baptême (le chef normand reçoit le prénom Robert).
- en 924, le roi Raoul, successeur de Charles le Simple, cède à Rollon
les diocèses de Sées, du Mans et de Bayeux, afin de maintenir l'
hommage au suzerain.
- en 933, Guillaume Longue Epée, fils de Rollon, confirme son hommage
en se voyant attribuer les diocèses de Coutances et d' Avranches, d'où
il doit chasser les Bretons qui en étaient les seigneurs reconnus.
A partir de 911, les Normands considèrent la Bretagne comme une terre
ouverte au brigandage et aux rapines. La déliquescence de l'autorité
des rois bretons est totale, même les plus courageux des seigneurs ont
fui auprès du roi d'Angleterre Athelstan.
Les destinations des corps des saints ont été très diverses, si bien
que la documentation existante est particulièrement éparse. Cette
page est donc une tentative de regroupement des informations multiples,
et l'essai d'une structuration des informations diverses disponibles
en de nombreux endroits.
Le choix a été fait de ne pas exclure de cette liste les saints
bretons ayant émigré en Francia de leur vivant. Ils sont peu nombreux,
et peuvent trouver leur place dans ce cadre. En font partie : le
plus célèbre d'entre eux, saint Josse, mais aussi saint Winoc et
quelques autres saints moins connus. Saint Colomban y figure aussi,
bien qu'il soit d'origine irlandaise ; mais il est surtout connu
en France pour la fondation de l'abbaye de Luxeuil.
On trouvera ci-dessous des informations sur la localisation (définitive
ou temporaire) des reliques, leurs partages ultérieurs et leurs
destructions éventuelles, et si possible, l'état des lieux actuel
du domaine d'enquête.
Les
extraits d'Albert Le Grand et de Dom Lobineau sont parfois concordants
et parfois contradictoires, comme on pourra le voir. De plus, l'abbé
Tresvaux a complété les textes de Dom Lobineau, et ses apports sont
reconnaissables, à ce qu'ils sont facilement datables d'après 1725,
date de publication de l'ouvrage de Dom Lobineau, et surtout d'après la
Révolution, où beaucoup des reliques furent détruites.
Pour simplifier ce document, deux types
d'entrée ont été créées :
- par nom de saint,
-
par nom d'abbaye (en Bretagne ou ailleurs).
Cette
page sera enrichie régulièrement, mais les sept saints fondateurs
bretons y figurent déjà.
SAINTS
Brieuc (saint).- L'évêché qui porte son nom était, comme ceux de
Saint-Pol de Léon, de Tréguier et de Dol, issu de partitions des
anciennes cités gallo-romaines. Selon
Albert Le Grand,
les reliques (le corps entier) de saint Brieuc furent transportées
par Erispoé à Angers à l'abbaye Saint-Serge, où Pierre, évêque de
Saint-Brieuc, alla en 1210 en demander une partie. Il obtint un
bras et deux côtes. Il est intéressant de noter le texte donné par
Albert Le Grand comme étant celui d'une plaque de marbre qui accompagnait
les reliques en 1210 : "Hic jacet corpus beatissimi Confessoris
Brioci Episcopi Britanniae, quod detulit ad Basilicam istam (quae
tunc temporis erat Capella sua) Ylispodius Rex Britannorum".
Ce texte apparaît comme très postérieur à l'époque d'Erispoé, par
la mention "quae tunc temporis erat Capella sua" à l'imparfait.
Dom Lobineau
reprend la même histoire, et corrige le nom d'Erispoé, en précisant
qu'à la lecture de l'inscription ci-dessus, "tous les assistants,
peu instruits de l'histoire, furent surpris d'entendre nommer un
roi qui leur était inconnu, dont le royaume cependant, ajoutent
les mémoires anciens d'où nous tirons ceci, s'étendait jusqu'au
Vendomois." D'où l'on peut déduire que le texte était très antérieur
à 1210, puisque son contenu surprenait à cette date.
Colomban
(saint).- Saint d'origine irlandaise, on peut le qualifier de saint
européen. Né vers 540, formé à Bangor, son séjour en Francia passa
peut-être par la Britannia Minor. Il fonda l'abbaye de Luxeuil,
puis fut obligé de quitter la Francia et d'aller vers l'ltalie,
où il fonda le monastère de Bobbio. Il y mourut vers 615. Ses reliques
n'y sont pas attestées. Le chanoine Garaby le donne comme patron
de Brelidy, "où l'on conserve une partie de ses reliques". D'autres
reliques seraient arrivées à Locminé, dont saint Colomban est le
patron ; la chapelle Saint-Colomban, aussi grande que l'église,
communiquait avec elle par un passage intérieur. L'effondrement
de la nef en 1974 entraîna la destruction des deux bâtiments dont
les façades furent cependant conservées. Autrefois, les fous et
les possédés étaient enchaînés pendant 9 jours dans la chapelle
du Mal, attenante à la chapelle Saint-Colomban, en vue de les guérir.
Près de l'autel de la chapelle Saint-Colomban, on pouvait lire les
litanies du saint : "Saint Columban, patron de Locminé, priez
pour nous" et "Saint Columban, secours des imbéciles, priez
pour nous" (cité par M. Cayot-Délandre dans son ouvrage "le
Morbihan, son histoire et ses monuments" - 1847). On raconte que
des mauvaises langues avaient transformé ces litanies en un dicton
local : "Saint Colomban, patron des imbéciles, priez pour nous"...
Saint Colomban a donné son nom à plusieurs communes, comme Plougoulm
(Finistère), Saint-Coulomb (Ille-et-Vilaine), Saint-Colomban (Loire-Atlantique,
autrefois Saint-Colombin), Saint-Colomban-des-Villards (Savoie),
mais plusieurs saints ont porté ce nom.
Saint austère imposant une règle rigoureuse à ses disciples, il
n'a pas laissé que des bons souvenirs sur son passage. Ainsi, en
Savoie, "une vieille légende prétend que lorsque saint Colomban
évangélisa la Tarentaise, il déclara que toute femme qui se regarderait
dans un miroir serait changée par Dieu en serpent. C'est pourquoi,
afin de ne jamais oublier cette menace, les Tarines auraient, depuis
ce jour, enroulé leurs cheveux comme des serpents et, pour ne point
être tentées de se regarder dans une glace, choisi une coiffure
si compliquée qu'elles sont obligées d'avoir recours à un tiers
pour la réaliser". [ texte noté à l'exposition sur les costumes
locaux à Peisey-Nancroix, Savoie, août 2002. Les femmes tressaient
leurs cheveux, en les allongeant éventuellement avec du raphia,
pour les rouler en "couëches" (en Bretagne, on dirait "cuches")
avant de mettre en place la superbe coiffe savoyarde à la "Marie
Stuart"]
Corentin (saint).- Evêque de Quimper, "on l'inhuma dans son église cathédrale,
où ses reliques furent conservées avec respect jusqu'à l'époque
des Normands. La crainte qu'on eut alors qu'elles ne fussent profanées
par ces barbares détermina le clergé de Quimper, en 878, à les retirer
du lieu où elles étaient enfermées. Plus tard, elles furent confiées
à Salvator, évêque d'Aleth, qui, à cause de la guerre dont la province
était menacée, se réfugia en France, emportant avec lui les corps
des principaux saints de la Bretagne. Le prélat arriva à Paris en
965, et remit son dépôt entre les mains de Hugues-Capet, alors comte
de Paris, qui les reçut avec respect et les fit déposer en l'église
de Saint-Barthélémi en la Cité. Ces saintes reliques ayant ensuite
été partagées entre diverses Eglises, celles de S. Corentin furent
données à la célèbre abbaye de Marmoutier
; mais il en resta quelque portion à Paris, car l'abbaye
de Saint-Victor en a possédé une jusqu'à la révolution. C'est
de Marmoutier que l'Eglise de Quimper obtint, en 1643, un bras de
son saint patron, qui fut honorablement placé dans la cathédrale,
et devint l'objet de la vénération particulière des fidèles du pays.
La révolution a fait perdre ce précieux dépôt, ainsi que le reste
du corps de saint Corentin. En 1809, on n'en possédait plus à Tours
qu'un petit ossement, qui fut donné à cette époque à M. Dombidau
de Crouseilhes, alors évêque de Quimper ; et ce prélat le fit déposer
dans son église cathédrale, où cette relique est maintenant conservée".
(Dom Lobineau, complété par l'abbé Tresvaux)
Albert Le Grand nous dit que "Ce saint corps demeura à Kemper
jusques à l'an 878 que les Normands ayant pris terre en Cornoüaille,
les Chanoines & Ecclesiastiques de Kemper se retirerent à Tours,
emportans le tresor de leur Eglise, &, entre autres reliques,
le Corps de saint Corentin, qu'ils mirent en l'Eglise de saint Martin
; depuis, il fut transporté à Marmoutier, où il est reverement conservé."
Ethbin (saint).- Né près de Dol en
563, il aurait été moine dans un monastère de ce diocèse (Taurac),
avant de quitter la Bretagne pour l'Irlande vers 600. Sa mort est datée
entre 613 et 643, et ses lieux de séjour sont mal connus. La commune de
Port-Mort (Eure) affirme détenir sa tombe ; un dolmen de la commune
porte le nom de Table de St Ethbin. Un parchemin contenant une ancienne
vie du saint rédigée au prieuré de la Madeleine en Pressagny (Eure)
aurait été retrouvé en 1972 dans les Pyrénées, à Saint-Pé de Bigorre.
Gildas
(saint).- Son nom breton est Gweltas. A noter que le "s" final
ne se prononce plus dans les formes romanes, mais se prononce toujours
en breton. Un prototype Uuiltas- ou Wiltas- peut correspondre aux
deux formes du nom, bretonne et romane, en évoluant d'abord en Gwiltas;
puis en roman, perte du "w", palatalisation du "G" prononcé en "J"
et lénition du "t" en "d" ; en breton, évolution du "i" en "e".
Ce sont des mécanismes d'évolution phonétique bien connus. Pourtant,
il y a un problème, car la forme Gildas est bien celle qui
est attribuée à l'auteur du "De excidio Britannia"
(ou "De excidio Britonum") vers 540. Même si on
ne peut pas dire que le nom "Gildas" est attesté
formellement à cette date, c'est encore la même forme
que l'on retrouve dans les Annales Cambriae au Xe siècle.
On peut donc se demander s'il n'y a pas eu confusion entre un Gildas
d'outre Manche et un Weltas d'Armorique, ou bien s'il n'y a pas
eu une fausse régression du nom en breton après l'écriture
de la Vita au XIe sècle par Vitalis.
Dom Lobineau nous dit que "lorsque les ravages des Normands obligèrent
les évêques et les abbés à mettre à couvert de la rapacité et de
la profanation de ces barbares les sacrés dépôts qui enrichissaient
leurs églises, Dajoc, abbé de Rhuys, cacha sous l'autel de la sienne,
dans le tombeau du saint abbé, huit de ses plus grands ossements,
qui sont encore conservés dans le même lieu, et emporta le reste
avec lui, hors de la province, c'est-à-dire à Bourg-Déols, dans
le Berri, où il y a une église qui porte nom de Saint-Gildas, laquelle
fut bâtie pour les religieux de Rhuys et de Locminé, par Ebbo, seigneur
de ce canton."
(Ceci se passait vers 920. Bourg-Déols est aujourd'hui Déols,
dans l'Indre. Dom Lobineau nous dit que l'abbaye du lieu fut supprimée
en 1622.)
Mais c'est de l'abbaye de Floriac (Saint-Benoît-sur-Loire,
Loiret) que vinrent au XIe siècle les restaurateurs de l'abbaye
de Rhuys.
Goulven
(saint).- Connu comme évêque de Léon, l'époque de sa vie est problématique,
puisque le Propre de Léon le place au VIIe siècle, ainsi que Du
Paz et Albert Le Grand ; mais le Bréviaire de Rennes et Dom Lobineau
le placent au Xe siècle (choix qui a été reconnu comme erroné).
Il semble avoir eu des liens avec saint Didier, évêque de Rennes,
daté du VIIe siècle. Dom Lobineau conte sa naissance à Plouider,
près de la côte, au lieu devenu la commune de Goulven. Vers la fin
de sa vie, ses mérites le firent élire évêque de Léon. Dom Lobineau
nous dit que "Après quelques années d'épiscopat, pendant lesquelles
S. Goulven fut obligé de se rendre à Rennes pour quelques affaires
ecclésiastiques, il y fut attaqué de la fièvre, et sentant ses forces
affaiblies, il avertit Maden, son fidèle ministre, du jour et de
l'heure de sa mort, et lui donna la croix d'or qu'il portait, avec
ordre de la mettre dans l'église qui avait été bâtie auprès de son
Peni-ti. Il mourut en effet le jour qu'il avait marqué, c'est-à-dire
le 1er juillet, et les religieux de saint Melaine enterrèrent son
corps dans leur église, où Dieu a fait de grands miracles par son
intercession. Dans la suite son corps fut levé de terre, et quelques
personnes du pays de Léon obtinrent une jointure d'un de ses doigts,
qu'ils déposèrent dans l'église de Saint-Goulven [Lire Goulven].
Le reste, selon le P. Albert le Grand, fut mis partie dans l'église
cathédrale de Rennes, partie dans celle de Saint-Melaine, et une
autre partie dans l'église paroissiale de Goulven en Cornouaille
[lire : Goulien]. Outre l'église bâtie auprès du Peni-ti, qui a
depuis porté le nom de Saint-Goulven, les fidèles bâtirent une chapelle
en son honneur à Odena, où il était né. Les Actes que nous avons
suivis, et qui avaient autrefois été recueillis par le P. Du Paz,
mettent la mort de S. Goulven l'an 600. Le P. Albert le Grand met
sa naissance en l'an 540 ; mais la fausseté de ces dates est prouvée
par la mention qui est faite dans sa vie du comte Even le Grand,
des Normands et du monastère de Saint-Melaine. le monastère de Saint-Melaine
n'était pas encore bâti en 540. Les Normands n'ont commencé à ravager
la Bretagne que dans le IXe siècle, et le comte Even n'a vécu que
dans le Xe siècle, selon le Cartulaire de l'abbaye de Landevenec.
C'est ce qui nous a déterminé à placer S. Goulven dans le Xe siècle.
L'ancien Bréviaire de Léon met sa fête à neuf leçons le 1er juillet,
aussi bien que celui de Dol de l'an 1519, qui ne fait que simple
commémoration de ce saint évêque. On en faisait aussi l'office dans
l'abbaye de Saint-Melaine ; et le diocèse de Rennes l'honore encore."
Albert Le Grand fixe sa mort à 616, et poursuit : "Son Corps fut
solemnellement inhumé dans l'Abbaye de Saint Melaine lés Rennes
; & ses Reliques, ayant esté depuis levées de terre & mises
en lieu plus honorable, les Leonnois, à force de prieres, obtinrent
une partie des Ossemens d'une de ses mains, lesquels, richement
enchassez, sont gardez reveremment dans son Eglise de Goulven, l'un
des plus devots Pelerinages de Leon ; le reste, richement enchassé,
fut mis, partie en la Cathedrale de Saint-Pierre de Rennes, partie
audit Monastere de Saint-Melaine, et autre partie en l'Eglise Parochiale
de Goulven, en Cornoüaille."
Extrait du Propre des diocèses de Bretagne, Rhedonis, 25 jan. 1955 :
"Le 4 juillet - Saint Goulven, Evêque et Confesseur. Rennes,
Quimper.
Saint Goulven naquit dans le Léon, de parents fraîchement émigrés
de Grande-Bretagne. Il vécut longtemps dans un ermitage sur le territoire
de Goulven, serait ensuite devenu évêque de Saint-Pol-de-Léon et
se retira de nouveau dans un ermitage au pays de Rennes où il mourut
en 616 croit-on. Il est le patron de Goulven et Goulien. La cathédrale
de Rennes conserve encore une partie de ses reliques".
Selon
le chanoine Garaby, d'Argentré dit de lui : " Il fut premièrement
successeur de saint Pol, en l'évêché de Léon, et depuis fut évêque
de Rennes. Ayant quelque temps administré sa charge, il la quitta
pour suivre une vie plus austère, se retirant près du bourg de Saint-Didier,
à quatre lieues de Rennes, au lieu appelé la Motte-Mérioul, dont
il fit son ermitage."
Garaby, qui date sa mort du 1er juillet 616, ajoute que Saint Goulven
avait une soeur nommée Pétronille ; la forme bretonnisée du nom,
"Peronell", de par sa trop grande proximité avec un adjectif français à
sens fortement péjoratif, ne semble pas avoir été de nature à favoriser
l'usage de ce prénom.
Pour en savoir plus, les membres de l'association peuvent consulter "LA
VIE LATINE DE
SAINT GOULVEN - TRANSCRIPTION - TRADUCTION - COMMENTAIRE", par YVES
MORICE,
mémoire de maîtrise Année 1999 - 2000 - Université de Haute Bretagne -
Rennes 2.
Guenhaël
(saint).- Connu comme successeur (pendant sept ans) de saint Guénolé à
l'abbaye de Landévennec, saint Guenhaël se serait retiré, après de
longues pérégrinations outre Manche, sur l'île de Groix avec plusieurs
moines, puis à l'embouchure du Blavet, sur la paroisse de Caudan, où se
trouvaient les lieux-dits Saint-Guenhaël (modernisé en Saint-Guenaël)
et Locunel, avec sa chapelle Saint-Guénolé ; les deux sites, voisins,
sont aujourd'hui sur la commune de Lanester. Une urbanisation peu
respectueuse du patrimoine culturel les a privés au XXe siècle d'un
espace public qui aurait pu les mettre en valeur.
La chapelle Saint-Guenhaël faisait partie de l'ancien monastère édifié
par le saint à la fin de sa vie, et où il est décédé. Jacques le
Goualher a écrit, pour Britannia Monastica n°6, une intéressante étude
où il recherche avec des méthodes scientifiques le chemin de l'exil des
reliques de saint Guenhaël vers 925 depuis Caudan, à destination de
Courcouronnes et Corbeil (Essonne), où les reliques ont été vénérées
jusqu'à la Révolution au prieuré Saint-Guénault. Une recherche des
patronymes proches du nom Guenhaël lui a permis de déceler le passage
probable des moines par Auxerre.
Extrait de "Les Vies des saints de Bretagne" de Dom Lobineau (édition
Tresvaux) : "Le corps de saint Guenaël fut porté à Vannes et
inhumé dans l'église cathédrale où l'on voit encore son tombeau,
et tout auprès un autel qui porte son nom. En 966, ses reliques
furent enlevées de Bretagne, à cause de la crainte que l'on avait
des Danois, portées à Paris, et déposées ensuite au château de Corbeil,
où le comte Haymon fit bâtir une église à l'honneur de S. Guenaël,
appelé dans le pays S. Guenaut. Ces précieuses reliques étaient
renfermées dans une châsse placée au-dessus du maître-autel de l'église
qui portait le nom du saint, mais elles ont été perdues dans la
révolution, et l'église ne subsiste plus. Cette église fut augmentée
en 1007 par Bouchard, comte de Corbeil ; il y eut un abbé et quatre
chanoines jusqu'au temps de Louis le Gros, qui en fit un prieuré
dépendant de l'abbaye de Saint-Victor de Paris. C'est de Corbeil,
selon le propre imprimé en 1660, qu'un évêque de Vannes a eu la
portion des reliques de S. Guenaël qui se trouvait dans l'église
cathédrale de ce diocèse, et dont on croit posséder encore quelque
partie. Cette église l'honore comme un de ses patrons, avec office
double le 3 novembre ou le dimanche suivant, et a renvoyé au 10
du même mois la fête de S. Gobrien, évêque de Vannes, que les autres
églises de la province célébraient le 3. L'ancien Bréviaire de Léon
marque aussi la fête de S. Guenaël abbé au 3 novembre, avec office
de neuf leçons."
Guénolé (saint).-
Si les Normands font leurs premières incursions en Bretagne vers
840, la situation semble relativement maîtrisée jusqu'à la mort
de Salomon en 874. Ensuite, la situation devient plus anarchique.
Pourtant, il semble que c'est à l'abbaye de Landévennec que Uurmonoc
compose la vie de saint Paul-Aurélien en 884. Les Normands pillent
l'abbaye en 913, et on peut dater la fuite des moines avec les reliques
de saint Guénolé de cette époque. Finalement, une question se pose
: que restait-il à emporter de Landévennec en 913 si les Normands
avaient tout pillé?
La fuite des moines se fit probablement par le centre de la Bretagne,
avec une halte plus ou moins longue mentionnée à Pierric,
en Loire-Atlantique, où l'église est dédiée à saint Guignolet ;
puis, hors de Bretagne, un séjour à nouveau assez long au Mans dans
la Sarthe (ou à Château-du-Loir, à 35 km au sud-est).
Après le Maine, les moines réapparaissent à Montreuil-sur-Mer (Pas-de-Calais),
où Helgaud, comte de Ponthieu de 886 à 926, les accueille avec munificence
dans l'enceinte (appelée plus tard "fermeté" d'Helgaud) qu'il a
fait construire pour protéger des Normands les 27 hectares de la
Ville. Il leur attribua des terrains à l'intérieur de l'enceinte
pour construire un monastère (nommé Saint-Walloy
ou Saint-Wallois) et héberger les reliques de saint Guénolé.
[ Dans le Maine, le développement du culte de saint Gwennolé est
peut-être largement postérieur au passage des moines de Landévennec.
En effet, Gervais, évêque du Mans de 1036 à 1055, fit construire
l'église Saint-Guingalois de Château-du-Loir (paroisse dont il était
natif), et la crypte reçut les reliques de saint Guénolé. Mais en
1078, Foulques IV d'Anjou s'empara des reliques pour les transporter
à Angers, où on les retrouve ensuite à l'église Saint-Laud.]
Josse (saint).- Son nom vient du vieux breton Iudoc, qui a donné
la forme latine Iudocus ou Judocus, les formes romanes Judoce et Josse,
et les formes bretonnes Uzec, Uec. Une forme "sant Jeg" est aussi
connue à Yvias près de Paimpol.
Vers 630, sous le règne du roi
Dagobert, le jeune prince de Domnonée Iudoc (Judoce, Josse) refuse la
succession de son frère, et part pour un pèlerinage vers Rome. C'est ce
que nous raconte la tradition. C'est pourtant à Paris qu'on le
retrouve. Il semble jouer un rôle d'ambassadeur, sans que l'on sache
quels étaient les objets de ces négociations.
Il profite aussi de son séjour à Paris pour parfaire ses études
classiques, et se fait remarquer des dignitaires ecclésiastiques, qui
lui confient une mission vers le comte de Ponthieu, Haymon, lequel
semble porter aussi le titre de dux Franciae Maritimae, et réside à
Quentovic, c'est-à-dire vraisemblablement Montreuil.
Ordonné prêtre, Judoc passe quelques années à la résidence d'Haymon
; puis selon ses Vitae, il s'installe vers 643 à Brahic non
loin de Montreuil, vers 652 à Runiac (Saint-Martin-d'Esquincourt),
et enfin vers 664 à Schaderias (Saint-Josse-sur-Mer) à l'embouchure
de la Canche, à 7 km à l'ouest de Montreuil, où il installe son
ermitage (cella maritima).
Saint Josse mourut en 669 et fut inhumé à Schaderias, qui prit son nom,
et où un monastère fut bientôt construit sous le nom de Saint-Josse.
Le culte de saint Josse se répandit dans toute l'Europe, et l'on
compte jusqu'à 55 lieux de culte, y compris au Danemark, en Suisse,
en Autriche, en Allemagne, en Grande-Bretagne, etc., ce qui en fait
un saint éminemment européen.
A Montreuil même, deux églises étaient anciennement dédiées à saint
Josse : l'une au bord de la Canche, Saint-Josse-au-Val, à l'emplacement
d'un oratoire qu'il aurait créé ; l'autre, Saint-Josse dans les murs, à
l'intérieur de l'enceinte primitive. Cette église disparue était fort
proche de l'abbaye Saint-Wallois, et a pu être à l'origine de la
fondation du monastère par les moines de Landévennec, le nom de
Monasteriolum étant devenu Mosteriol puis Montreuil.
Cette église, dont les fondations remontaient au VIIIe siècle,
comportait sous l'autel un puits d'environ 6 mètres de profondeur, qui
donnait accès à un caveau de 5 mètres de long : il s'agit probablement
de la "confession" du saint, qui permettait
de conserver les reliques, et reçut sans doute celles des saints qui
vinrent plus tard de Bretagne.
A Paris avait été fondée également une église Saint-Josse,
qui aurait subsisté jusqu'à la Révolution.
Le nom Iudoc, dont l'évolution normale aurait dû être Izec, a donné
en breton la forme Uzec, réduite éventuellement à Uec, d'où les
noms de lieux Saint-Uzec et Lohuec. En français et gallo, la forme
Judoce s'est vue réduite à Josse, d'où Saint-Judoce (Côtes-d'Armor)
et Saint-Josse (Pas-de-Calais). Dans les langues germaniques, le
nom est connu sous les formes Jos, Joos ou Joost et aussi la forme
Jodok.
Lunaire
(saint) - Saint-Lunaire se trouve à côté de
Dinard (35) au bord de la mer. Le nom est latin, Leonorius,
qui semble passer par une forme intermédiaire Lonarius avant
d'aboutir à Lunaire. Sa Vita la plus ancienne se trouve dans
le manuscrit latin 5317 de la Bibliothèque Nationale, issu de l'abbaye
de Bonport dans l'Oise. L'analyse de son origine montre que des
reliques du saint sont venus de Beaumont-sur-Oise, où le prieuré
situé dans l'enceinte du château était dédié à saint Leonor. Dom
Lobineau nous précise : "On voit dans l'église
paroissiale (en Bretagne) son tombeau élevé de deux
pieds de terre, et l'on y conservait ses reliques, le chef à
part dans un reliquaire d'argent, et les autres ossements dans deux
reliquaires d'ébène. Une autre partie avait été
portée à Paris dans le Xe siècle avec celles
des autres saints bretons, et ensuite à Beaumont-sur-Oise,
où S. Léonor était honoré dans un prieuré
qui porte son nom, et avait été fondé en 1185
par Matthieu, comte de Beaumont ; ce seigneur avait à cette
époque obtenu les reliques du saint". L'arrivée
de reliques de saint Léonor à Beaumont s'explique par le
regroupement de reliques à l'abbaye de Léhon vers 920, puis l'exil
vers Paris, avec l'accueil par Hughes le Grand en 956, et la fondation
de l'abbaye Saint-Magloire à Paris. Un manuscrit provenant de l'abbaye
de Saint-Benoît-sur-Loire (Orléans 343) montre qu'une vita d'époque
carolingienne et d'origine bretonne a existé à l'origine, l'abbaye
de Floriac (Fleury) à Saint-Benoît ayant toujours eu beaucoup de
liens avec la Bretagne (surtout Saint-Gildas de Rhuys). Les reliques
rapatriées en Bretagne semblent avoir disparu à la
Révolution. Dom Lobineau signale aussi le "Bréviaire
de Coutances de 1741. Ce dernier a des leçons détaillées
et curieuses de S. Léonor". Pour en savoir plus,
lire "La Vie Latine de Saint Lunaire" par Bernard Merdrignac
et André Carrée.
Magloire (saint).- L'un des successeurs de Samson à la tête de l'évêché de Dol.
Vers la fin de sa vie, il se retira à l'île de Sercq où il mourut.
Lorsque le monastère de Léhon fut construit
près de Dinan, les moines n'hésitèrent pas à aller chercher le corps
de saint Magloire pour le rapatrier sur le continent. Ainsi fut
fondée l'abbaye Saint-Magloire de Léhon, qui fut pendant plusieurs
siècles un prieuré rattaché à l'abbaye de Marmoutiers (près
de Tours, Indre-et-Loire).
Lors des invasions normandes, les moines de Léhon décidèrent de
partir vers la Francia au Xe siècle, en emportant un nombre important
de corps saints, présents à Léhon ou regroupés en ce lieu en vue
du départ. L'exil se fit par Sablé, Angers et Orléans. La destination
finale fut Paris, où la création d'un monastère s'en suivit. Ce
fut l'origine de l'importante abbaye Saint-Magloire
de Paris, aujourd'hui disparue.
Le texte de la "Translatio S. Maglorii" fut publié par Mabillon,
et intégré par Lucien Merlet dans sa notice sur "Les origines
du Monastère de Saint-Magloire" (1896). On peut lire aussi le
travail récent d'Hubert Guillotel :
"L'exode du
clergé breton devant les invasions scandinaves",
in Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne
(M.S.H.A.B.), tome LIX, 1982, p. 268-315, et plus particulièrement
l'appendice : "Translatio
sancti Maglorii", p. 301-315.
Malo (saint).- Extrait des "Vies des
saints de Bretagne Armorique" d'Albert Le Grand (1636), sur
les reliques du saint revenant de Saintonge après sa mort :
"Elles furent donc receuës avec des grandes réjouïssances à Becherel,
d'où elles furent portées à Dinan puis à Chasteau-Neuf sur Rance,
où l'Evêque d'Aleth & le Clergé les attendoient & les receurent
des mains du gentil-homme qui les avoient apportées. On les porta
en son Eglise Cathedrale de saint Pierre d'Aleth, & une partie
en l'Abbaye de saint Vincent en l'Isle d'Aaron, où elles ont esté
long-temps conservées, jusqu'à l'an neuf cens septante-cinq qu'elles
furent portées à Paris, regnant le Roy Lothaire, qui les fit mettre
en sa Chapelle, qui étoit celle qu'à present on appelle de S. Michel
en l'enclos du palais, d'où elles furent transportées en l'Abbaye de saint Magloire, &, depuis encore, en l'Eglise
de S. Jacques du Haut Pas; & fut la memoire de S. Malo si douce
à ses Diocesains, que le Siege d'Aleth ayant esté transferé par
saint Jean de la Grille, en l'Isle d'Aaron, tout le Diocese &
la nouvelle ville qu'on avoit bâtie fut nommée & s'appelle encore
à present Saint-Malo, qu'on dit communément de l'Isle, pour la distinguer
de Saint-Malo de Baignon, belle Seigneurie appartenante aux Seigneurs
Evêques de Saint-Malo."
Albert Le Grand signale le transfert des reliques de saint Malo
à Paris (abbaye de Saint-Magloire); Dom Lobineau confirme
ce transfert. Il précise qu'en 1582, après leur départ de l'abbaye
Saint-Magloire, on les trouve dans l'abbaye
de Saint-Victor, dans une châsse de cuivre. "Le corps était
presque entier, à l'exception cependant du chef, d'un bras qui avait
été rendu à la cathédrale de Saint-Malo, de quelques ossements donnés
à l'église Saint-Maclou de Pontoise, et d'une côte qu'obtint la
ville de Bar-sur-Aube [Aube], où une collégiale fut établie en l'honneur
du saint évêque. En 1706, la paroisse de Saint-Maclou de Moiselles
[Val d'Oise], près de Versailles, fut enrichie d'un os de l'épaule
de son patron, qu'elle conserve encore. [suite : ajout de l'abbé
Tresvaux] C'est peut-être la seule relique du saint qui subsiste
maintenant. Celles qui étaient à Saint-Victor ont été détruites
ou dispersées lors de la suppression de cette abbaye en 1791. La
persécution a été si horrible dans la ville de Saint-Malo, pendant
la révolution, que cette Eglise a aussi perdu celle qu'elle possédait."
Mais certaines des reliques de l'abbaye Saint-Magloire avaient pu
être transférées, à une époque non précisée, vers Montreuil.
Maudez, Mandé (saint).- La forme
la plus ancienne du nom semble être Maudetus, devenue en breton
"Maudez". La réduction bretonne de la diphtongue a donné le moderne
"Modez". Une forme latine "Mandetus" a existé, accompagnant la
réduction romane de la diphtongue d'une nasalisation. Dom Lobineau nous
dit qu'il se retira, après avoir vécu au monastère de Tréguier, dans
son ermitage de Lanmaudez, puis dans l'île Saint-Maudez près de Bréhat,
où il décéda. Les reliques du saint furent exportées vers la région
parisienne au Xe siècle, et une petite chapelle fut construite dans la
forêt de Vincennes pour y déposer les reliques. Un prieuré fut bientôt
construit à proximité, portant le nom de Saint-Mandé. Un acte du 25 juin 1203 le mentionne comme dépendance de l’abbaye de Saint-Magloire. Un village se
créa bientôt, et l'agglomération prit le nom de Saint-Mandé, qu'elle
porte encore aujourd'hui.
Extraits de Dom Lobineau et l'abbé Tresvaux : "Les
Normands ravageant les environs de Tréguier en 878, le corps de
S. Maudez fut emporté hors de Bretagne, par les religieux de son
monastère, et déposé dans l'église de Bourges, où il est resté,
pour la plus grande partie, jusqu'à l'époque des ravages des Calvinistes.
Le comte de Penthièvre, fondateur de l'abbaye de Beauport, de l'ordre
de Prémontré, au diocèse de Saint-Brieuc, obtint dans la suite,
de l'église de Bourges, le chef de ce saint, et en enrichit cette
nouvelle abbaye, d'où il a été porté dans l'église de Plouézec qui
le conserve maintenant. Il y a eu encore d'autres églises qui possédait
de ses reliques, et entre autres celle de l'abbaye de Paimpont,
au diocèse de Saint-Malo. L'ancienne cathédrale de Tréguier en a
aussi une portion assez considérable. [...]
Dans le IXe ou Xe siècle, des religieux bretons portèrent à Paris
quelques-unes des reliques de ce saint abbé, et ils y bâtirent,
très-près de Vincennes, sous son invocation, une chapelle, qui dans la
suite devint un prieuré dépendant de l'abbaye de Saint-Magloire. On
conserve encore dans cette chapelle, devenue église succursale depuis
la révolution, un os d'un bras de S. Maudez. Il s'y faisait autrefois
un grand concours le 14 mai, jour où l'on célébrait la translation de
cette relique. Cette dévotion envers le saint n'a pas entièrement
cessé. On va à Saint-Mandé, c'est ainsi qu'on l'appelle à Paris, pour
obtenir la guérison des enfants malades, et son office se célèbre
solennellement dans cette église le dimanche le plus prochain du 18
novembre."
Melaine
(saint).- Evêque gallo-romain de Rennes décédé
en 530, il fut enterré près de la ville, à
l'emplacement de la future abbaye Saint-Melaine. Dom Lobineau nous
dit que Grégoire de Tours, dans le 55e chapitre de son ouvrage
"De la Gloire des confesseurs", signale que le feu ayant
pris dans l'église construite sur son tombeau et l'ayant
entièrement détruite, le corps du saint évêque
ne fut pas endommagé. Les reliques du saint seraient ensuite
allées à Bourges en 853 pendant les ravages des Normands.
Au 13e siècle, une partie des reliques seraient revenues
de l'abbaye de Preuilly en Touraine. En 1679, lors de l'installation
d'une nouvelle chasse, "il se trouva dans la vieille châsse
un nombre d'ossements considérable". Il semble qu'après
la Révolution il ne reste plus dans l'ancienne église
de l'abbaye Saint-Melaine
qu'un morceau du tibia du saint, qui serait aujoud'hui à
la cathédrale de Rennes.
Patern (saint).- Dom Lobineau date sa mort de 448, à l'âge de 90 ans. Ses reliques
étaient conservées à Vannes, dans une église construite en son honneur
; "mais, lorsque les ravages des Normands en France, au IXe siècle,
firent craindre qu'elles ne fussent profanées, on les emporta hors
de Bretagne, et les religieux de Marmoutier [près de Tours] les
eurent, dit-on, en garde pendant quelque temps. Elles furent ensuite,
vers l'an 1000, transférées à l'abbaye nouvellement fondée à Issoudun,
puis placées dans l'église d'un prieuré qui portait le nom du saint
évêque et dépendait de cette abbaye. Jusqu'à la révolution, elles
ont été conservées dans un tombeau en pierre, élevé sur quatre piliers.
Le chef et l'un des bras étaient dans des reliquaires séparés, et
on les portait en procession. Lors de la suppression des ordres
religieux, l'église du prieuré de Saint-Patern fut fermée, et ses
reliques déposées dans celle de Saint-Cyr d'Issoudun, où bientôt
elles devinrent la proie des révolutionnaires, qui les dispersèrent.
Des personnes pieuses sauvèrent quelques débris du chef, et le bras
entier, qu'on expose encore aux fêtes solennelles. L'église paroissiale
de Saint-Patern, à Vannes, possède une petite partie du crâne de
son patron, enchassée dans un buste en bois peint." (texte complété
par l'abbé Tresvaux).
Albert Le Grand nous précise qu'à Vannes "fut édifiée une belle
Eglise, laquelle fut dediée en l'honneur de saint Patern, &
est une des Paroisses de la Ville de Vennes, où demeura le Corps
de saint Patern, jusques à l'an de salut 878. que, pour crainte
des Barbares, Normands & Danois, qui, ayant mis pied à terre
en Bretagne, ravageoient tout le pays, il fut transporté, avec le
Corps de saint Corentin, au Monastere de Marmoûtiers lés Tours".
Paul-Aurélien
(saint).- décédé vers 570, "ses saints Ossemens, richement enchassés,
[furent déposés] parmy les autres Reliques de son Eglise de Leon,
où ils ont esté reveremment gardez & religieusement visitez
par les Bretons & estrangers jusques à l'an de grace 878, que
les danois, estans descendus en Bretagne Armorique, ravagerent le
pays, renversans les Eglises, brûlans les saintes Reliques &
mettans tout à feu & à sang par tout où ils passoient. Liberal,
pour lors Evesque de Leon, enleva les Reliques de S. Paul &
les porta au Monastere de S. Florent, là où elles ont demeuré jusques
à l'an 1567, que les Huguenots, s'estans rendus maistres de ce celebre
Monastere, brûlerent ou jetterent les saintes Reliques et butinerent
les riches Chasses où elles estoient encloses." (Albert Le Grand)
Le récit de dom Lobineau est différent : "Mabbo, évêque de Léon,
qui vivait vers le milieu du Xe siècle, transporta les reliques
de S. Paul à Fleury-sur-Loire, où il se retira
et où il mourut. La châsse de S. Paul fut mise auprès de S. Benoît,
et toutes les deux furent renfermées dans une caisse revêtue d'argent.
Les reliques du saint évêque furent en partie brûlées et en partie
dispersées, lorsque les Calvinistes désolèrent ce monastère et pillèrent
son trésor. L'église de Léon n'a pas été entièrement dépouillée
des reliques de son patron ; elle possède encore son chef, un os
entier de son bras droit, et de plus un doigt intact, renfermé dans
une boîte d'argent, avec cette inscription : Doet de M.S.Paul, évêque
et patron de Léon. Ces reliques ont été visitées et reconnues authentiques,
le 6 juillet 1809, par M. Dombidau de Crousheilles, évêque de Quimper.
On gardait autrefois une partie de la tunique de S. Paul dans l'église
de l'abbaye de Saint-Victor à Paris, et l'autre partie dans celle
de Saint-Magloire, de la même ville." (texte complété par l'abbé
Tresvaux).
Samson
(saint).- Selon "les vies de saints de Bretagne" de Dom Lobineau
(édition de l'abbé Tresvaux, 1836), "L'église cathédrale, aujourd'hui
paroissiale, de Dol porte le nom de S. Samson, aussi bien que plusieurs
églises paroissiales dans d'autres diocèses. Son corps fut enlevé
de celle de Dol, du temps des Normands, et porté à Paris, sous le
roi Lothaire [Duchêne, tome 3, pag.344], par Salvator, évêque d'Aleth,
avec plusieurs autres corps saints, et depuis une partie fut rapportée
en Bretagne. L'église de Dol possédait un fémur, quelques fragments
d'autres ossements et quelques vertèbres de son saint patron. Ces
saintes reliques furent visitées et transférées dans une châsse
neuve, le 24 décembre 1579, par l'évêque diocésain nommé Charles
d'Espinai. A l'époque de la révolution, elles étaient placées à
côté du maître-autel de la cathédrale, dans un très-beau et très-grand
reliquaire ; mais elles sont maintenant détruites. Quant au reste
du corps de S. Samson, laissé à Paris, il fut partagé entre l'église
de S. Barthélémi et la ville d'Orléans. Dans cette dernière, on
bâtit en l'honneur du saint évêque une église qui a été occupée
par les Jésuites, jusqu'à leur destruction. Ils ne possédaient pas
les reliques de S. Samson ; elles avaient été si bien cachées, du
temps des ravages de Protestants, dans le XVIe siècle, qu'on n'a
jamais pu les retrouver. Peut-être furent-elles alors l'objet de
la fureur de ces impies. Les ossements conservés à Paris étaient
en dernier lieu dans l'église de Saint-Magloire, ils se trouvent maintenant
dans celle de Saint-Jacques-du-Haut-Pas."
Tudgual
(saint).- Le nom a été déformé en français en "Tugdual".
Dom Lobineau et l'abbé Tresvaux nous disent : "Pour soustraire
les reliques de s. Tugdual aux profanations des Normands, l'un de
ses successeurs dans le IXe siècle, appelé dans les actes de S.
Tugdual Gorennan, les emporta hors de Bretagne en 878. Il voulut
les remettre à l'Eglise de Chartres, où elles avaient déjà été conservées
pendant d'autres troubles ; mais en passant par Laval, le bon accueil
qu'il reçut des habitants de cette ville et les services qu'ils
lui rendirent le touchèrent tellement qu'il leur donna une partie
considérable du précieux trésor dont il était dépositaire. Il porta
le reste à Chartres, où il fut divisé la même année entre cette
Eglise, qui retint son chef et quelques ossements, la collégiale
de Saint-Aubin de Crépy-en-Valois, et la ville de Château-Landon.
La portion des reliques qui était à Laval fut en 1406 placée dans
l'église de Notre-Dame, où se trouvait un chapitre, qui prit le
nom de Saint-Tugal et qui a subsisté jusqu'à la révolution. Les
ruines de cette église n'ont entièrement disparu qu'en 1834. ces
reliques, conservées autrefois dans une belle châsse d'argent et
qui consistent en fragments de tibias et fémurs, le sont encore
maintenant dans une châsse de bois doré, et c'est l'église paroissiale
de la Trinité qui les possède. Elles furent visitées par M. de Tressan,
évêque du Mans, le 16 juillet 1674, et récemment, le 20 avril 1826,
par M. de la Mire Mory, son successeur dans ce siège. Celles de
Château-Landon se trouvaient dans une église qui était tout à la
fois prieuré et paroisse. Elles consistaient en l'os d'une épaule
et deux petits ossements. Renfermées dans une chasse d'argent, elles
y furent pendant longtemps l'objet de la vénération des fidèles
; mais en 1568, les Calvinistes, s'étant emparés de Château-Landon,
prirent ces saintes reliques et les jettèrent au feu. Une femme
eut le courage de se mêler parmi eux, et d'arracher des flammes
l'os de l'épaule, qu'elle sauva et rendit à l'église qui le possédait.
l'Eglise de Chartres a perdu dans la révolution le chef du saint
et les autres ossements qu'elle conservait. Une châsse de vermeil,
de petite dimension, mais très-ornée, les renfermait ; cette châsse
était anciennement placée derrière le maître-autel de la cathédrale.
On croit que c'est de Chartres qu'un évêque de Tréguier a obtenu
les reliques de s. Tugdual, qu'on voit maintenant dans cette dernière
ville, et qui sont des fragments d'os de bras, enchâssés autrefois
dans un bras d'argent, cachés pendant la révolution, et placés depuis
dans un beau reliquaire de bronze doré qui a été donné par Monseigeur
de Quelen, archevêque de Paris."
Winoc
(saint).- Ayant quitté la Bretagne au VIIe siècle en compagnie de
saint Josse, il fut accueilli à l'abbaye de Sithiu à Saint-Omer
(Pas-de-Calais), d'où saint Bertin l'envoya fonder un monastère
en Flandre à Wormholt (Nord) ; il est le patron de la paroisse,
devenue Wormhout, où il décéda le 6 novembre 717. Ses restes furent
transportés à Saint-Omer au IXe siècle pendant les invasions normandes,
qui ruinèrent le monastère de Wormhout. A peu de distance, une église
fut construite vers 900 sur une colline (Groenberg), et le corps
de saint Winoc y fut transporté. Ce fut l'origine de la paroisse
de Bergues Saint-Winoc (SintWinoksBergen), où une abbaye fut fondée
au Xe siècle.
Le prénom Winoc fut d'usage courant dans la région. Le nom du saint a subsisté
également en Bretagne, où saint Winoc est patron de la paroisse
de Plouhinec dans le Finistère. Cependant, l'étymologie du nom ne
confirme pas ce lien, puisque le nom contient le mot vieux breton
ethin, ajonc ; Plouhinec est donc la paroisse où pousse de l'ajonc,
et il serait intéressant de savoir à quand remonte le culte de saint
Winoc dans cette paroisse.
Selon Dom Lobineau et l'abbé Tresvaux, "On conserve
très-religieusement, à Bergues, le corps de S. Winnoc qui est porté
tous les ans en procession le jour de la Trinité, et trempé dans
la rivière de Colme, qui passe au pied de la ville [...]. Son chef
était dans un buste très-riche, et le reste de ses ossements dans
une châsse d'argent. Lors de la spoliation des églises en 1792,
on déposa ces saintes reliques dans deux boîtes qui furent scellées
et placées dans une armoire du presbytère, où elles restèrent jusqu'en
1820. A cette époque, le curé de la paroisse, désirant augmenter
le culte du saint patron, fit appeler plusieurs notables de la ville,
qui avaient été présents à l'extraction des reliques en 1792 ; ils
reconnurent les boîtes dans lesquelles on les avait alors enfermées,
et déclarèrent que ces boîtes n'avaient subi aucun changement. Un
acte fut rédigé en conséquence et adressé à M. l'évêque de Cambrai,
qui décida que les reliques étaient authentiques. On en fit, le
8 juin 1820, une translation qui attira un concours extraordinaire
de peuple. Depuis, les ossements du saint ont été replacés dans
un buste et une châsse d'argent qui ont coûté près de 18,000 francs"
Yves
(saint). - On peut lire le texte de la vie de saint Yves par dom
Lobineau revu et complété
par l'abbé Tresvaux (1837), et en particulier le paragraphe
très long sur la dispersion des reliques
en France, en Belgique et en Italie...
ABBAYES
Le
Bourg-Dieu.- Fondée en 917 dans l'Indre à Déols
(importante cité gallo-romaine qui sera remplacée plus tard par
Châteauroux créé à proximité), l'abbaye bénédictine du Bourg-Dieu reçut
les moines de Rhuys en 920. Elle fut dévastée par les Huguenots au 16e
siècle, et supprimée en 1622.
Floriac, ou Fleury.- Située sur la commune de
Saint-Benoît-sur-Loire (Loiret) à 30 km à l'est d'Orléans, cette abbaye
fut pillée par les Normands en 910. C'est de là que partirent les
restaurateurs de l'abbaye de Saint-Gildas de Rhuys le siècle suivant.
Pourtant, il est peu probable que les reliques de saint Gildas y soient
arrivées, après leur éventuel séjour à Déols. Celles-ci sont
considérées comme étant restées (partiellement ou totalement) à Rhuys.
Elles n'avaient en effet aucune chance de s'imposer à Fleury, où les
reliques de saint Benoît, le fondateur de l'ordre des Bénédictins,
avaient été ramenées en 672 ou 673 du Mont-Cassin (Italie) ; il y était
mort vers 547 et y avait été enterré à côté de sa soeur (parfois dite
jumelle) sainte Scholastique, fondatrice de l'ordre des Bénédictines.
Voir sur le site internet de l'abbaye de Saint-Benoît quelques commentaires
sur le rapt (que l'on appelait plus volontiers "translation") des
restes des deux "jumeaux" : http://www.abbaye-fleury.com/histoire.html
Considéré comme le père du monachisme occidental, saint Benoît a été
proclamé "patron de l'Europe" par le pape Paul VI en 1964.
Marmoûtiers.- Saint Martin fonda ce monastère aux
portes de Tours. Ce fut une abbaye célèbre, qu'il ne faut pas confondre
avec Marmoutier dans le Bas-Rhin (aujourd'hui, un "s" a été ajouté au
nom de l'abbaye de Tours). Elle eut beaucoup de relations avec la
Bretagne, et l'abbaye de Saint-Magloire de Léhon, déclassée par celle
de Paris, en devint un prieuré. Elle a longtemps possédé les reliques
de saint Corentin.
Saint-Florent
le Vieil.- Le monastère de Saint-Florent fut
fondé au VIIe siècle sur le Mont-Glonne, qui surplombe la rive
sud de la Loire, face à la Bretagne, à 10 km à l'est d'Ancenis. En 853,
les Normands investirent le site, et s'installèrent à demeure au pied
du mont, sur l'ïle Batailleuse, d'où ils rançonnaient le monastère. Les
chroniqueurs de Saint-Florent font les mêmes reproches aux Normands et
aux Bretons, et rapportent que Nominoë imposa une rançon au monastère à
partir de 849. En 866, les moines fuirent vers l'est, et le monastère
de Saint-Florent le Jeune fut fondé près de Saumur au Xe siècle.
Pourtant, le monastère de Saint-Florent le Vieil devint une importante
abbaye bénédictine, jusqu'au XVIIIe siècle. Selon Albert Le Grand, les
reliques de saint Pol de Léon s'y trouvaient, et disparurent lorsque
les Huguenots pillèrent l'abbaye en 1567. mais Dom Lobineau semble
affirmer que c'est à Fleury-sur-Loire que se trouvaient ces reliques.
Il faut donc admettre qu'il y eut probablement confusion entre les deux
noms Floriac et Florent.
Saint-Josse-sur-Mer.- Un monastère fut fondé à quelques kilomètres à l'ouest de
Montreuil-sur-Mer après la mort de saint Josse en 669, attirant une
foule de pèlerins désireux d'invoquer le saint, déjà vénéré de son
vivant. Ce monastère apportait des revenus non négligeables, et fut
bientôt rattaché à l'abbaye de Ferrières. A l'époque des invasions
normandes, les reliques de saint Josse furent transférées en
Grande-Bretagne vers 903, à l'abbaye de Hyde près de Winchester fondée
par un religieux de Saint-Bertin. Les moines revinrent par la suite, et
l'abbaye de Saint-Josse-sur-Mer fut très prospère pendant des siècles.
Elle contribua certainement à la propagation du culte de saint Josse
dans toute l'Europe. Pourtant l'abbaye décline au XVIe siècle, époque
où son église tombe partiellement en ruine. Les bâtiments n'existent
plus aujourd'hui, et les reliquaires du saint ont été transférés à
l'église paroissiale. Le culte de saint Josse est encore très vivant
aujourd'hui, et la neuvaine entre la Pentecôte et la Trinité est
l'occasion de fêtes importantes lors du pèlerinage annuel. Une
procession longue de 14 kilomètres se déroule le mardi de la Pentecôte
en parcourant avec la châsse du saint des lieux attachés à son souvenir
et à ses actions miraculeuses. Une seconde procession plus réduite a
lieu le dimanche de la Trinité, avant la grand-messe en plein air.
Saint-Magloire
de Léhon .- Abbaye
fondée près de Dinan (Côtes d'Armor) au IXe siècle à l'occasion
d'une donation de Nominoé. Les moines fondateurs organisèrent la
translation du corps de saint Magloire depuis l'île de Serk, où
il s'était établi après avoir succédé à saint Samson à Dol, et où
il était décédé. Il est probable que c'est avant le pillage de l'abbaye
par les Normands que fut décidé l'exil des corps saints rassemblés
à Léhon à cette intention, opération qui selon l'abbé Tresvaux avait
été menée par Salvator, évêque d'Aleth. L'abbaye fut restaurée au
XIe siècle, et fut d'abord un prieuré de l'abbaye Saint-Magloire
de Paris, puis au XIIe siècle fut rattachée à l'abbaye de Marmoutiers
près de Tours. Les bâtiments de l'abbaye survécurent à la Révolution,
et leur restauration fut entreprise au XIXe siècle.
L'église
abbatiale est aujourd'hui l'église paroissiale. Elle contient un
petit reliquaire hébergeant des "Fragments des ossements des Saints
Magloire, Samson, Leutiern et Gueganton et Scophili et de plusieurs
autres saints" selon la mention qui y était associée. Ces reliques,
retrouvées en 1987 au fond d'un grenier de l'abbaye, "avaient probablement
été rapatriés à Léhon au XIXe siècle par l'intermédiaire de Mgr
de Lesquen, évêque de Beauvais et de Reims, natif de Trégon qui
se retira à Dinan jusqu'à son décès en 1855." [B. Merdrignac, Ar
Men n. 23, oct. 1989, p. 47]. L'abbaye se visite aujourd'hui pendant
les mois d'été. Pour une visite à distance en images, allez à http://perso.wanadoo.fr/lehon-22/
reliquaire
de Saint-Magloire (avec l'autorisation de F. et C. Picarda)
|
A
noter que, début mars 2004, le tube en verre contenant
les reliques a été volé (en laissant intact
le reliquaire). On ignore tout des motivations du ou des auteurs
du rapt des reliques, non récupérées au
15 mai 2004. Si vous rencontrez cet objet au cours de vos pérégrinations,
n'hésitez pas à le signaler. |
Saint-Magloire de Paris.- Abbaye qui fut probablement fondée à Paris par les
moines de Léhon fuyant les invasions normandes au Xe siècle. Ils
amenaient avec eux un nombre important de corps saints, et ces reliques
furent partiellement (parcimonieusement ?) rétrocédées à la Bretagne
par la suite. Une quantité importante resta à Paris, et contribua
à la renommée de l'abbaye, qui prit le nom de Saint-Magloire. Elle
était située au cœur
de la ville, sur la Rive Droite, près de la rue Saint-Denis. L'abbaye et ses moines furent déplacés au XVIe siècle, ainsi que les
reliques, vers l'église Saint-Jacques du Haut-Pas, en haut de la
rue Saint-Jacques, sur la Rive Gauche. Divers manuscrits associés
aux reliques permettaient d'identifier les saints concernés, sans
qu'il soit certifié qu'aujourd'hui il soit encore possible d'associer
clairement les saints et les différents ossements subsistant. La
fondation réelle de l'abbaye Saint-Magloire est parfois attribuée
à Hugues Capet, roi de France de 987
à 996, qui y fut enterré. Il n'existe plus d'église ou de rue du
nom de Saint-Magloire aujourd'hui à Paris. Il subsiste de nombreux documents relatifs à ses multiples
prieurés dispersés autour de la capitale (dont celui de Saint-Mandé).
Et l'abbé Tresvaux cite parmi les textes hagiographiques sur saint
Magloire le Bréviaire de Paris de 1745.
Pour en savoir plus :
- Le texte de Dom Lobineau sur l'abbaye de Saint-Magoire
et ses reliques, et les informations de Joseph Chardronnet.
- Chartes et documents de l'abbaye de Saint-Magloire, éd. par Anne
Terroine et Lucie Fossier, Paris, CNRS Editions, 1966-1998.
- Lisez un extrait
de l'ouvrage de Paul Féval "Le Bossu",
qui décrit le quartier de Saint-Magloire au XVIIIe siècle.
Saint-Melaine.- Le premier établissement
monastique fondé auprès du tombeau de saint Melaine
s'était développé à l'extérieur
de Rennes et eut à souffrir des troubles du IXe et Xe siècles
; au XIe siècle, il fut reconstruit par des moines venus
de l'abbaye Saint-Florent de Saumur. Du XIIe siècle reste
une partie de l'édifice roman, qui a gardé son volume
d'origine : le carré du transept de l'église Saint-Melaine
date de cette époque. Dom Lobineau vécut plusieurs
années dans l'abbaye Saint-Melaine, avant de finir sa vie
à l'abbaye de Saint-Jacut.
Saint-Victor
de Paris.-
Fondée en 1108 par Louis VI le Gros, elle était située à l'extérieur
de l'enceinte de Philippe-Auguste, au sud de la Seine. Richement
dotée par les rois de France et les évêques de Paris, elle connut
une période de développement important ; le prieuré Saint-Guénault
de Corbeil lui était rattaché. Il n'en reste rien aujourd'hui, même
pas un nom de rue, et, si elle fut remplacée après la Révolution
par la Halle aux Vins, aujourd'hui se trouve à son emplacement l'Université
de Paris-Jussieu (VIe). Cette abbaye possédait les reliques de quelques
saints bretons, et en particulier saint Malo, comme le dit Dom Lobineau.
Saint-Wallois.- Le nom de Mosteriol (dérivé de
Monasteriolum) pour Montreuil (Pas-de-Calais) semble apparaître vers
898, donc avant l'arrivée des moines de Landévennec (sauf si ceux-ci
ont quitté la Bretagne en 878, lors des troubles qui suivirent la mort
de Salomon). Mais la fermeté d'Helgaud ne fut construite qu'après 894,
ce qui place obligatoirement leur arrivée au moins après cette date.
Une charte d'Henri Ier (datée de 1042) rappelle la donation faites par
Helgaud pour fonder le monastère, et donne au saint le nom de "sanctum
Wingalocum" (faut-il lire "Wingaloeum"?). L'abbaye Saint-Wallois
succédait ainsi à l'héritage de saint Josse ; elle conservera les
reliques et objets du saint (dont sa clochette à main) même après le
retour des moines en Bretagne (au plus tard en 950).
Plusieurs années après l'arrivée des moines de Landévennec, de
nouvelles reliques arrivèrent à Montreuil, à la recherche d'un abri
sûr. C'est ainsi qu'arrivèrent les reliques des saints bretons Malo
(Maclou), Corentin, Conogan, Ethbin et Gudwal.
Ceci peut expliquer pourquoi une grande place de marché, hors de la
ville, était appelée "Markiet Saint-Maclou", et une foire célèbre s'y
tenait tous les ans ; saint Maclou devint le patron de l'agglomération
de Montreuil.
Au XIe siècle, l'abbaye Saint-Wallois devint l'abbaye Saint-Saulve, du
nom d'un certain Salvius qui fut évêque d'Amiens au VIIe siècle.
Une église Saint-Wallois, proche de l'abbaye, existait aussi à
Montreuil, ouverte aux fidèles comme l'église Saint-Josse.
A la Révolution, toutes les reliques et objets de culte restant des
saints bretons furent malheureusement détruits, sans doute en 1793,
sous la Convention (qui dura de 1792 à 1795).
Nota : le nom Saint-Walloy est aussi d'usage à Montreuil, et on peut
lire sur un même document "abbaye Saint-Wallois" et "maison de retraite
Saint-Walloy" sur la place "Saint-Walloy". Un autre document citera la
rue Saint-Wallois.
Il semble qu'il y ait eu une certaine confusion entre le nom de saint
Walloy (dérivé du breton Waloe) et les anthroponymes "Valois" et
"Wallois", ce dernier ayant pu résulter de l'attraction du nom des
Gallois, sous sa forme normanno-picarde. Il n'est donc pas surprenant
de rencontrer au Moyen-Age à l'Hôtel-Dieu de Montreuil un certain Josse
Le Wallois, qui n'avait peut-être aucune ascendance bretonne ou
galloise...
Pour en savoir
plus sur Montreuil et ses reliques, consultez les ouvrages suivants :
- Dom Philippe Rouillard, revue Sanctuaires et pèlerinages, n°21, 1960.
- Abbé Robitaille, Vie de saint Josse,
1867.
- Chanoine Corblet, Hagiographie du diocèse
d'Amiens, 1873.
- André Oheix, Les reliques bretonnes de
Montreuil-sur-Mer, Bulletin de l'Association Bretonne, congrès
de 1905.
Saint-Winoc.- L'abbaye Saint-Winoc fut
fondée au Xe siècle à Bergues, en Flandre, où son nom fut associé à
celui de la ville (Bergues Saint-Winoc en français, SintWinoksBergen en
flamand). Les moines durent la quitter à la Révolution, ce qui entraîna
son abandon et son délabrement ; il n'en subsiste aujourd'hui que des
ruines (sauf les deux tours, la tour pointue et la tour carrée,
récemment restaurées). A Bergues, situé seulement quelques kilomètres
au sud de Dunkerque, se trouve le collège Saint Winoc fondé il y a 400
ans. Probablement mis au point autrefois dans l'abbaye, un fromage du
nom de Saint-Winoc, affiné à la bière, est encore fabriqué
artisanalement aujourd'hui (bien qu'en risque de disparition); il
existe aussi à Bergues un chocolat nommé "
chocolat
Saint Winoc".
Bibliographie :
Jean Leroy, Quand Montreuil était sur mer - Quentovic, 1979 [chapitres sur saint
Josse et saint Gwennolé].
Hubert Guillotel, L'exode du clergé breton
devant les invasions scandinaves, in Mémoires de la Société
d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne (M.S.H.A.B.), tome LIX, 1982,
p. 268-315 ; dont appendice : Translatio
sancti Maglorii, p. 301-315.
Marc Simon o.s.b, L'abbaye de Landévennec
de saint Guénolé à nos jours, Ouest-France, Rennes,
1985 ; dont Le culte de saint Guénolé,
p. 292-309.
Fañch Morvannou, Saint Guenaël,
CRBC-Brest, Britannia Monastica n°4 CIRDoMoC-Landévennec, 1997.
Jacques Le Goualher, La translation des
reliques de saint Guenhaël au Xe siècle, Britannia Monastica
n°6, CIRDoMoC- Landévennec, 2002, p. 143-190.
Notes :
Confession : caveau funéraire contenant le
corps d'un martyr, au-dessus duquel s'élevait un autel. Il était
interdit aux fidèles, qui pouvaient cependant voir le tombeau à travers
une petite ouverture dite fenestra ou fenestrella.
[ définition extraite du Grand Larousse en cinq volumes, 1987]
La définition est à adapter en sachant que le mot
"martyrs" s'étend aussi aux saints, et qu'un martyrologe est un
catalogue des martyrs et des saints. Le fait de voir à distance ou
d'approcher des reliques était susceptible d'apporter la guérison ou
l'exaucement d'un voeu. Ces pèlerinages étaient sans doute peu
différents de ceux de Lourdes ou de Pontmain, ou encore de Sainte-Anne
d'Auray aujourd'hui. Quant à toucher les reliques, l'événement devait
être si extraordinaire qu'il était probablement réservé à des
personnages très puissants.
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