Extrait du livre de Paul Féval "Le Bossu".

La tête du cortège suivit la rue Saint-Denis, et ne tourna qu'au coin de la petite rue Saint-Magloire. Les plus avancés virent alors deux torches allumées à l'entrée du cimetière, et les conjectures d'aller leur train. Mais les conjectures s'arrêtèrent bientôt devant un incident que nos lecteurs connaissent : un ordre du régent mandait le condamné en la grande salle de l'hôtel de Nevers.
Le cortège entra tout entier dans la cour de l'hôtel. La foule prit position dans la rue Saint-Magloire, et attendit. L'église Saint-Magloire, ancienne chapelle du couvent de ce nom, dont les moines avaient été exilés à Saint-Jacques-du-Haut-Pas, puis maison de repentir, était devenue paroisse depuis un siècle et demi.
Elle avait été reconstruite en 1630, et Monsieur, frère du roi Louis XIII, en avait posé la première pierre. C'était une nef de peu d'étendue, assise au milieu du plus grand cimetière de Paris. L'hôpital, situé à l'est, avait aussi une chapelle publique, ce qui avait fait donner à la ruelle tortueuse, montant de la rue Saint-Magloire à la rue aux Ours, le nom de rue des Deux-Églises.
Un mur régnait autour du cimetière qui avait trois entrées ! La principale, rue Saint-Magloire ; la seconde, rue des Deux-Églises ; la troisième, dans un cul-de-sac sans nom, qui revenait vers la rue Saint-Magloire, derrière l'église, et sur lequel donnait la Folie-Gonzague. Il y avait, en outre, une brèche par où passait la procession des reliques de Saint-Gervais.
L'église, pauvre, peu fréquentée, et qu'on voyait encore debout au commencement de ce siècle, s'ouvrait sur la rue Saint-Denis, à la place où est actuellement la maison portant le numéro 166. Elle avait deux portes sur le cimetière. Depuis quelques années déjà, on n'enterrait plus autour de l'église. Le commun des morts s'en allait hors de Paris.
Quatre ou cinq grandes familles seulement conservaient leurs sépultures au cimetière Saint-Magloire, et notamment les Nevers, dont la chapelle funéraire était un fief.
Nous avons dit que cette chapelle s'élevait à quelque distance de l'Église. Elle était entourée de grands arbres, et le plus court chemin pour y arriver était la rue Saint-Magloire.

Nota : il n'a pas été possible jusqu'ici, de vérifier la véracité de cette description, qu'il faut situer vers 1720, année de la banqueroute de Law. Les seules informations consultées sont extraites du "Guide religieux de la France", Bibliothèque des Guides Bleus, Hachette, 1967 :

"Rue de Lutèce : à l'emplacement de l'actuel tribunal de Commerce se trouvait l'ancienne église Saint-Barthélémy, chapelle royale et paroisse du Palais, datant des Mérovingiens. On lui adjoignit le nom de Saint-Magloire, car le corps du saint y fut déposé pendant les invasions normandes". (cette rue était autrefois la rue de la Juiverie).

"Rue Saint-Denis (1er) : n°82 - les Bénédictins de l'île de la Cité fondèrent ici un couvent en 1138, sous le vocable de saint Magloire. Ils l'abandonnèrent en 1572 pour Saint-Jacques-du-Haut-Pas, aux Filles Repenties qui prirent le nom de Dames de Saint-Magloire.

n°92bis - Eglise Saint-Leu-Saint-Gilles. Il existait autrefois une chapelle de religieux de l'abbaye Saint-Magloire (1120) au coeur du bourg nommé Champeaux, dépendant de la paroisse de Saint-Barthélémy dans la Cité. Elle était dédiée à saint Leu et à saint Gilles. L'édifice actuel date de 1320. [Très remanié de siècle en siècle, son abside a disparu en 1858, au percement du boulevard de Sébastopol.] (...) Cadoudal s'y cacha dans la chapelle souterraine quand la police de Napoléon le traqua."

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